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Objectifs de design

Un espace introverti 

 

À la lumière de l’analyse urbaine réalisée,  le constat qui ressort du quartier de Puerto Madero est qu’il constitue un espace introverti. Il ne joue pas vraiment son rôle de waterfront puisqu’il se regarde lui même le long des quais. Les pistes de réflexion développées proposent de venir retravailler les limites du quartier pour en faire devenir des interfaces. Des espaces qui ont besoin d’être revitalisés autant pour le reconnecter à la vielle ville qu’au véritable littoral constitué par la réserve écologique. De plus, il serait intéréssant de réfléchir à l’idée d’une concrétisation du lien piétonnier censé menée la ville au littoral. Une intention prévue dans le plan directeur et soulignée par les moyens mis en place par la ville pour le pont de Calatrava mais qui se heurte aujourd’hui à des barrières physiques et des réalités du relief qu’il l’empêche de fonctionner.  

(Borthagaray, 2005)

Gentrification et mixité sociale

 

La volonté de départ du projet de Puerto Madero était d’attirer une clientèle riche, le quartier ne propose donc aucun logement social. La reconversion de ce port industriel est un exemple type de gentrification mais aussi malheureusement de ségrégation sociale. Dans ce secteur, le prix du mètre carré peut être jusqu’à 6 fois supérieur à la moyenne de la ville.  Pendant ce temps, dans la réserve écologique, à dix minutes des tours luxueuses, le quartier de Rodrigo Bueno constitué de villas (bidonvilles, illustré ci-dessous) se développe de manière illégale et montre le manque de réponse du marché actuel au besoin de logements abordables. 

 

Revenons plus spécifiquement aux trois types d’intégration qui ont été mentionnés à la section Waterfront comme indicateurs de la qualité d’un processus de revitalisation. En effet, le passé et le présent ont été bien intégrés avec les éléments physiques qui ont été conservés, tels les vieux entrepôts reconvertis, jouxtant de nouvelles tours et constructions récentes. L’intégration des différents objectifs en tension a également été réalisée. À travers le partenariat public-privé qui a mené le projet, les discussions ont pu avoir lieu et les différents intérêts être pris en compte. Les emplacements au préalable inutilisables ont été transformés en lots exploitables par ce nouveau modèle de gestion.

Pourtant, et malgré son attitude générale assez positive, la communauté n’a pas été aussi intégrée au projet qu’elle ne l’aurait pu. En termes physiques, la perméabilité du lieu laisse à désirer, les connexions piétonnes et cyclistes ne permettent pas encore des allées et venus sécuritaires et simples et le quartier s’est un peu construit en parallèle de ce qui existait déjà. Du côté des services, l’industrie du tourisme a été lente à démarrer et beaucoup de personnes ont été déplacées afin de satisfaire aux exigences du projet. Ainsi, et bien que les ports en amont et en aval aient bénéficié des activités de Puerto Madero, les zones connexes n’ont pas bénéficié des surplus réalisés qui ont plutôt été réinvestis dans le projet lui-même. Une certaine gentrification s’est opérée; certains quartiers aux alentours accueillent sont désormais des gated communities (ci-contre), alors que d’autres se sont plutôt transformés en bidonvilles. Depuis Puerto Madero, une loi a été passée (Habitat Law, en 2012) qui force les communautés fermées et autres projets privés à verser 10% de leurs coûts en investissements pour des logements sociaux. La présidente actuelle encourage ce genre de progrès social, malgré la grogne – certains craignent que les promoteurs ne soient découragés par ces contraintes et refusent de proposer de nouveaux projets. Pour l’instant, Puerto Madero jouxte encore des quartiers tel que Boca-Baraccas qui, bien que plus pauvre, compte plus d’espaces ouverts et dont les enfants utilisent beaucoup la réserve écologique (ci-dessous). Les sans-abris de Boca-Baraccas voisinent les jeunes professionnels de la classe moyenne qui habitent les lofts de Puerto Madero.

(Foley, 2013; The Argentina Independant, 2012; Chawla, 2009; Martire, 2009)

 

Ouverture

 

Le tourisme est de plus en plus promu en cette région et l’afflux d’individus aidera, on peut l’espérer, à améliorer l’utilisation fonctionnelle du lieu. Nombreux sites web et bouquins promeuvent dorénavant Puerto Madero pour ses attractions culturelles, architecturales, culinaires, etc. Aussi, l’ajout de ponts, comme celui du Puente de la mujer, améliore la connexion cycliste et piétonne.

Incontournable, le traffic routier a aussi beaucoup augmenté à cause de la rénovation de Puerto Madero. Aussi, le traffic ferroviaire a été fortement touché par le développement de la zone : le chemin de fer qui la traverse est maintenant quadrillé de rues latérales. Ce ne sont que de simples exemples de ce qui fait toujours défaut à Puerto Madero. Il est à se rappeler qu’une partie de la population n’a toujours pas accès à l’eau potable et à des services d’hygiène de base.

(Watson, 2014; Burgel et Sorderéguer, 2009)

 

La lunette de visée pour regarder Puerto Madero était celle de la ville conçue par fragments. Un élément qui le long de l’histoire garde une certaine indépendance face au reste du tissu urbain. Le waterfront a toujours été le catalyseur des bouleversements radicaux  de la société : d’abord outil de la révolution industrielle productive puis vitrine internationale du capitalisme. Dans un contexte de changements climatiques avec les premiers signes de décroissance va t-il être amené aujourd’hui à se transformer à nouveau et nous montrer un nouveau visage ? 

 

Communauté fermée/Gated community

The Argentina Independant, 2012

Projet d'adaptation du waterfront de New York aux innondations "After Sandy"

Architecture Research Office and dlandstudio dans Studio 360, 2012

Conclusion critique

Sources pour la page : 

Dessins (coupes et plans) réalisés par l'équipe, 2014

Photographies : Google Earth, 2014

Puerto Madero Waterfront, oui mais…

Selon les objectifs de départ, le projet de revitalisation de Puerto Madero est un franc succès. Les fonds nécessaires ont été trouvés, les conflits entre juridictions ont été surmontés, la revitalisation a eu lieu et l’emplacement attire dorénavant touristes et résidents qui peuvent profiter d’un accès maritime visuel et physique. La communauté, en général, a gardé une attitude assez positive à l’égard du projet, malgré les allégations de corruption et de mauvaise gestion qui sont survenues durant le projet. On a bien créé des espaces hybrides, où se chevauchent développement foncier et lieux publics, mais aussi divertissement luxueux et bouffe de rue.

(Hume, 2014; Tella, 2014; Watson, 2014; Keeling, 2005; Hoyle, 2000)

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