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Gestion urbaine publique/privée

 

Un virage politique

Après une campagne menée sur fond de promesses populistes, rappelant les années de l'illustre président Juan Perón, Carlos Menem devient président de l’Argentine en 1989. Lorsqu’il arrive au pouvoir, l’économie du pays et en déclin, le taux de chômage élevé et l’Argentine proche de l’implosion civile.

Le nouveau gouvernement n’arrivant pas à redresser la barre, on assiste à un changement politique radical, axé sur le néolibéralisme qui prône la « modernisation Â» amenée par les partenariats publics-privés (Guano, 2002).  On passe alors d’une politique de réformes sociales à une intense session de réformes économiques. Les entreprises auparavant nationalisées sont privatisées et la pression est mise pour l’intégration du pays dans le marché mondial (Larco, 2009). La conséquence de ce revirement politique est la favorisation des élites financières et économique aux dépends des autres citoyens.

Durant ces années, le contrôle sur le fonctionnement de l’espace urbain a été à l’image d’un « concept du public défini en relation au privé Â». Le projet de Puerto Madero, qui risquait de ne pas voir le jour dû au manque de coopération entre les gouvernements municipaux et fédéraux, a suscité l’attention du président nouvellement élu. L’intention de Carlos Menem est de faire de Buenos Aires un lieu attracteur d’investissements et de capitaux étrangers. C’est ce qui justifie l’intérêt de Menem pour la friche portuaire que constitue Puerto Madero.

 

 
 
Un nouveau contexte urbanistique

Puerto Madero s’inscrit dans un cadre d’urbanisme opérationnel caractérisé par de nombreuses initiatives de développement urbain dans les villes majeures. Ce type d’actions a apporté, implicitement, un caractère plus dynamique de l’action publique dans le mode de gestion des projets urbains. On dépasse les simples administration et régulation territoriales pour y ajouter des interventions concertées avec le secteur privé, au travers d’entreprises, de coopératives et d’organisations non gouvernementales, et avec le secteur civique (les sociétés) (Etulain, 2008).

On assiste, dès lors, à des interventions à grande échelle, à la suite du virage technologique des industries portuaires qui laisse des espaces de friches à redéfinir.

 

 
 
Société anonyme de droit privé

En 1989, la Corporación Antiguo Puerto Madero (CAPM) est créée par décret suite à la loi sur la réforme de l’État. Il s’agit  d’une entreprise publique de droit privé (société anonyme) avec une gestion unitaire et une initiative publique. Le gouvernement fédéral vient fournir le terrain par un décret ordonnant la cessation de la part de la Administración General de Puertos et le gouvernement municipal donne les normes urbanistiques (Etulain, 2008). En période de crise, le gouvernement n’investit pas d’argent dans le projet, la « subvention Â» est donc le transfert de terrain.

La corporation s’organise pour s’autofinancer par la vente progressive des lots aux entreprises privées. Dans les premières années (1989-1992), ce sont les terrains de l’extrémité ouest qui sont cédés afin de financer les coûts initiaux et le concours d’architecture. Elle est composée d’un conseil constitué de 4 représentants du gouvernement national et 2 représentants du gouvernement local et d’un corps professionnel qui gère les opérations quotidiennes. La corporation fixe la valeur des terrains, supervise l’élaboration et l’application du Master Plan et fourni les ressources techniques (normes).

 

 
 
Intégration d'intervenants locaux

Au départ, le projet se met en route avec la participation de l’agence catalane,  Consultores Europeos Asociados (CEA) qui produit le Plan Estratégico para el Antiguo Purto Madero, en collaboration avec la Municipalidad de La Ciudad de Buenos Aires (MCBA). Cette intervention internationale ne fait pas l’unanimité et la Sociedad Central de Arquitectos  (SCA) fait pression pour que le projet soit traité par des firmes locales. Un accord est alors signé pour le lancement du concours national d’idées pour le développement de Puerto Madero (secteur est). Le projet de Puerto Madero se développera ainsi au fur et à mesure de concours nationaux pour le développement des différentes phases du projet.  

Le travail des trois équipes gagnantes du premier concours va servir de cadre pour l’intégralité du développement de Puerto Madero. Elles sont représentées par Juan Manuel Borthagaray, Cristian Carnicer, Pablo Doval, Enrique García  Espil, Mariana Leidemann, Carlos Marré, Romulo Pérez, Antonio Tufaro and Eugenio Xaus, tous sud américains (CAPM, 1992). Un premier projet est fournit en octobre 1992 (Anteproyecto Urbano Puerto Madero) par l’équipe d’architectes alors composée des trois premiers prix du concours.

 

 
 
 
Investissements privés et gestion publique

Au départ des ventes, les investisseurs de classe internationale se méfiaient du projet et avaient des réticences à investir. La CAPM a alors commencé à vendre les vieux entrepôts de brique rouge tout en y apposant la norme de ne pas en dénaturer la façade car ils sont inscrits au patrimoine par l’ordonnance n°44.945. Avec cet apport d’argent, la corporation a pu investir dans des programmes urbains et architecturaux de qualité ainsi que dans les infrastructures. Dès 1996, de plus gros investisseurs arrivent, attirés par l'avancé du projet et sa position par rapport à la ville. La corporation est alors capable de faire avancer le développement des parcs et des infrastructures (Garay, 2013). 

Dans les espaces sans constructions existantes, les terrains ont été séparés pour la vente et la préservation d’espaces verts et d’espaces publics. Afin d’assurer le développement, les actes notariés étaient signée à 40% de la progression des projets privés. Cela garantissait l’engagement du promoteur de développer et donc de participer au processus d’urbanisation (Etulain, 2008).

Ce que l’on peut conclure de ce processus de partenariat entre l’organisation publique (CPAM, SCA, MCBA, etc.) et le privé (investisseurs et promoteurs), c’est que l’urbanisation, le cadre bâti, est assurée par le privé alors que la gestion des parcs, des espaces publics et des infrastructures et assurée par la CAPM (entreprise publique supervisé par les deux niveaux gouvernementaux).

Concours national d'idées pour Puerto Madero

CAPM, 1999

Puerto Madero avant la revitalisation

www.arcondebuenosaires.com.ar

Gratte-ciels récents ou encore en construction

Photographie personnelle, 2014

Puerto Madero avant la revitalisation

Firley & Groen, 2014

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