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Privatisation de la gestion urbaine

L'évolution de la gentrification

Hackworth, 2001

Le continuum de contrôle illustrant le poids probable des acteurs impliqués dans le processus

DiMartino, 2014

Privatisation

La privatisation et la responsabilité politique (accountability) entretiennent en quelque sorte une relation inversement proportionnelle selon certains auteurs. En termes juridiques, la privatisation s’entend d’un objet qui passe de la sphère publique à la sphère privée ou qui se soumet aux lois du marché.

 

Différents types de privatisation s’observent : la décentralisation (par la vente, comme ce fut le cas des terrains vendus aux promoteurs du projet de Puerto Madero [ci-contre] – la prochaine section se consacre au projet et approfondira les faits), le contrat, la dérégulation et la réduction de taxes.

 

Partenariat public-privé (PPP)

La figure ci-contre est tirée de DiMartino (2014) et présente le partenariat public-privé (PPP) selon un continuum pour l’exemple de l’éducation aux États-Unis. Le modèle peut se résumer en concepts généraux applicables à d’autres domaines. Plusieurs facteurs ont un impact sur la caractérisation du PPP : le niveau de transparence, l’évaluation des résultats et l’imputabilité des participants, mais également le rôle du gouvernement, la nature formelle et informelle des accords et l’identité du pourvoyeur de services. Le continuum se divise en trois segments : affiliation, gestion faible et gestion intégrée. À un extrême, l’affiliation n’est qu’une rencontre de partenaires assez égalitaires. À l’autre, la gestion intégrée fait en sorte que le pourvoyeur de service est responsable de ses ouvrages tant en ce qui concerne l’imputabilité qu’en ce qui concerne la liberté de réaliser sa propre vision. La littérature laisse entendre que l’apport des communautés dans un PPP est d’une grande importance, voire essentiel, comme en processus de revitalisation de waterfront, mais qu’il n’est malheureusement pas souvent présent.

 

Les auteurs nous démontrent à ce sujet les deux critiques qui peuvent être énoncées lorsque les scénarios sont imaginés à l’extrême. D’une part, s’il n’y avait que le gouvernement et aucun autre partenaire, il serait alors question d’un monopole, ce qui n’est pas toujours propice à l’innovation comme la compétition est évacuée. D’autre part, il est également possible de soutenir que dès que le gouvernement se retire ne serait-ce qu’un tant soit peu d’un projet, il devient alors impossible de diriger l’imputabilité. Ainsi, il est possible de trouver des défenseurs autant d’un mode de gouvernance où le gouvernement est tout puissant, puisque sinon la corruption risque de s’installer, que d’un mode de gestion davantage privé qui assure une certaine qualité, le gouvernement pouvant être incompétent lorsqu’il n’est pas confronté à de la compétition.

 

Gentrification

Suite à la privatisation de la gestion urbaine, l’embourgeoisement est une conséquence possible. Des auteurs ont situé différents types de gentrification dans le temps (ci-contre, figure empruntée à Hackworth et Smith, 2000).

La première vague se situe dans les années 1970, alors que les quartiers centraux des grandes villes se vident. Le secteur public va investir beaucoup d’argent dans ces endroits afin de contrer la période difficile du marché. La seconde vague de gentrification est le résultat de la reprise économique dans les années 1980. Certains immeubles ou l’implantation dans certaines zones sont subventionnés. Où cela crée des quartiers d’artistes, les effets ne semblent pas si néfastes. Là où les résultats sont l’éviction et la vulnérabilité, pour cause d’inflation par exemple, le concept commence à être critiqué. La troisième vague, celle des années 1990, laisse présager un recul du phénomène… Mais finalement c’est le ressac. Ce qu’il y a avait de culturel dans les premières expressions de l’embourgeoisement est maintenant passé au tout à l’économie. Les gros investisseurs privés sont de la partie et le phénomène dépasse les frontières initiales des quartiers huppés des centres-ville pour s’étaler en banlieue.

À Puerto Madero, avec ses 400 habitants et ses condos luxueux, tout porte à croire que malgré toutes les bonnes intentions à l’origine des grands projets de revitalisation, il est quelquefois impossible d’éviter certaines conséquences. L’embourgeoisement du quartier, qui détonne avec le style de vie de quartiers pourtant voisins (La Boca), est le résultat des désirs des promoteurs d’attirer des jeunes professionnels bien nantis.

(Hackworth et Smith, 2000)

 

Comme nous l’avons vu à la section Waterfront, les intérêts commerciaux sont réputés prôner sur les intérêts sociaux en zone de waterfront. Pourtant, les partenariats public-privé devraient être cause de discussion et de compromis, permettent aux divers intérêts d’être représentés ou pris en compte. À Puerto Madero, il semblerait que les intérêts commerciaux aient en effet primé en ce qui a trait au fait que les surplus réalisés par le projet n’ont pas permis de créer des effets boule de neige : des logements sociaux n’ont pas été réalisés, des populations ont été déplacées.

(DiMartino, 2014; Beerman, 2000; Hackworth et Smith, 2000; Riemer, 2000)

Des terrains publics convertis en immeubles privés

Photographie personnelle, 2014

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